L’architecture Novatrice du Hangar Y
Le 15 juillet 1784, le duc de Chartres et trois compagnons effectuent à bord d’un dirigeable un trajet qui les conduit du parc du château de Saint-Cloud à un bassin du château de Meudon : l’épopée aérienne des Hauts-de-Seine commençait. Au cours de la Révolution, le Château Neuf de Meudon est choisi comme lieu de construction de ballons captifs et d’école d’aérostiers.
Mais c’est un autre conflit, celui de 1870, qui donnera ses lettres de noblesse à l’aérostation. En 1876, Léon Gambetta, conquis par le rôle qu’avaient joué les ballons lors du siège de Paris en 1870, décide de renouer avec la tradition des ballons militaires. Il crée à Meudon en 1877 “l’établissement central d’aérostation militaire de Chalais-Meudon” et nomme à sa tête le capitaine du génie Charles Renard. En 1884, celui-ci effectue le premier circuit aérien à bord du dirigeable “La France” propulsé électriquement. C’est dans le Hangar Y qu’eut lieu le montage de ce prestigieux vaisseau.
Intérieur du Hangar Y montrant les fermes à treillis en deux éléments formant une voûte en coque de bateau sans l’intervention de tirants (Collection Musée d’Art et d’Histoire de la Ville de Meudon)
Ce grand hangar à dirigeables, de 70 mètres de long sur 24 mètres de large, fut construit en 1878 dans le parc de l’établissement central d’aérostation militaire. Le capitaine Renard avait demandé le montage d’une halle (notée Y sur les plans) pour la construction et le remisage des ballons. Elle fut réalisée avec des fermes métalliques provenant de la galerie annexe des machines de l’exposition universelle de 1878. Cette galerie avait été conçue par l’ingénieur Henri De Dion et mise en œuvre par l’entreprise Moisant Laurent Savey. A Meudon, les fermes furent surélevées ; certains socles de pierre pourraient aussi être des remplois de l’exposition. La porte de la façade sud est identique à celle qui figure, selon la Revue Générale de l’Architecture de 1878, à l’extrémité gauche de l’élévation principale de la grande galerie du Champ-de-Mars[1].
L’utilisation du verre est ici extrêmement importante, permettant d’assurer un éclairage entièrement naturel. Henri De Dion inventa à cette occasion la ferme à treillis en deux éléments pour une voûte en coque de bateau. Ce système qui, pour la première fois, fait appel aux qualités d’élasticité du métal, évite les tirants en canalisant les poussées jusqu’aux fondations. Cette structure de fermes à treillis, espacées de cinq mètres et hautes de vingt-six, sans tirant, avec poteau et arbalétrier d’un seul tenant, marque un tournant dans l’architecture métallique de la fin du XIXème siècle. Elle permet de libérer un volume intérieur très important, rendu nécessaire par la dimension des dirigeables. Le mur pignon postérieur était entièrement ouvert pour leur laisser le passage. C’est par ce côté que sortaient des pièces énormes, telle “La France” en 1884.
[1]. Les recherches sur le Hangar Y ont été menées dans le cadre de l’inventaire général du patrimoine de l’Île-de-France sous la direction de Madame Dominique Hervier
HélèneJantzen, (Bull. CSSM 102, p.8 ; 2000)
Voir aussi, ici, une intéressante description du Hangar Y sur le site Paris-bise-Art, qui décrit de nombreux endroits à voir dans la région parisienne, hors des sentiers battus.
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